Recherche / Création / Institution

Compte rendu rédigé par Sarah Watson

La modératrice Johanne Sloan a ouvert la séance en soulignant que, même si le thème Recherche/Création/Institution englobait un vaste éventail d’activités, la notion d’archives, abordée par la suite, était elle aussi essentielle au développement et à la diffusion des connaissances en matière d’histoire de l’art.

Des exposés ont été présentés par Sherry Farrell Racette (Université du Manitoba, double affectation en études autochtones et études des rapports sociaux entre les sexes) et Michèle Thériault (Université Concordia, directrice de la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen). Sherry Farrell Racette a parlé de ses préoccupations concernant la création et la conservation de la documentation, tandis que Michèle Thériault s’est penchée sur la recherche archivistique, les ressources numériques et l’accessibilité. Les participants à la séance comprenaient notamment : Janice Anderson (Réseau d’étude sur l’histoire des artistes canadiennes), Bill Kirby (Centre de l’art contemporain canadien [CACC]), Loren Lerner (Université Concordia, conservatrice du projet en ligne Le Canada a d’incroyables trésors) et Anne Whitelaw (Université Concordia, Association d’art des universités du Canada).

Documentation et histoire de l’art autochtone

Selon Sherry Farrell Racette, « le regrettable manque de documentation sur les artistes autochtones contemporains, leurs œuvres et leurs expositions » constitue le plus grand défi à relever dans son travail. Les causes de cette lacune seraient nombreuses et complexes, mais la chercheuse a tout de même identifié deux facteurs clés. Tout d’abord, jusqu’à récemment, les œuvres autochtones étaient exposées principalement dans des centres régionaux administrés par des artistes et sous-financés. Or, ces centres ne disposeraient pas des ressources nécessaires pour soutenir la production de documentation, d’analyses critiques et de publications. En outre, des articles et images autrefois disponibles en ligne ont disparu à mesure que certains sites Web ont perdu leur financement, ont changé de serveur ou sont devenus obsolètes sur le plan technique. Devant cette conjoncture, la Pre Farrell Racette a demandé à l’assemblée si l’histoire pouvait exister sans archives.

Les difficultés auxquelles sont confrontés Sherry Farrell Racette et ses collègues dans leur travail sont aggravées par la récente disparition de ressources en ligne notables. Pour illustrer la vulnérabilité des documents sur le Web, la Pre Farrell Racette a cité deux cas : la perte de l’important site « net.art » Speaking the Language of Spiders (1997) d’Ahasiw Maskegon Iskwew, qui n’a jamais été remis sur pied après l’interruption de son hébergement dans le cadre du projet Storm Spirits; et le compte rendu d’un symposium tenu en 2007, qui comprenait des analyses critiques de l’œuvre de Daphne Odjig ainsi que des interventions de l’artiste 1.

Récupération et préservation

photo de Sherry Farrell Racette Sherry Farrell Racette a demandé à l’assemblée si l’histoire pouvait exister sans archives. Sherry Farrell Racette a expliqué que le problème actuel de l’accès à la documentation sur les pratiques des artistes autochtones contemporains nécessite des mesures de récupération et de préservation, ou l’acquisition de ce que la Pre Sloan a appelé une « conscience archivistique 2 ». L’histoire des expositions autochtones « exigera l’enregistrement et la transcription de récits oraux qui viendront combler les trous laissés par l’absence de documentation écrite ou photographique », a poursuivi Sherry Farrell Racette. Elle a également souligné le besoin de retrouver de précieuses ressources disparues du Web, dont un grand nombre ont été produites durant les années 1990 et au début des années 2000 grâce au financement de projets à court terme 3. Étant donné la vulnérabilité des technologies qui tombent rapidement en désuétude et le financement instable des projets Web, une approche polyvalente est nécessaire. Ainsi, toute l’information doit exister à la fois numériquement et sous une forme matérielle accessible aux chercheurs.

De récents projets axés sur les médias sociaux, comme Indigenizing Theory de Tannis Nielson, qui rend compte de la dernière discussion avec Joane Cardinal-Schubert, et le projet d’art collaboratif Walking with our Sisters de Christi Belcourt, constituent d’importantes ressources faisant appel aux médias numériques et créant des espaces discursifs pour l’art et la culture autochtones. Malgré les louanges que Sherry Farrell Racette a adressées à ces projets en ligne, elle a exprimé un doute concernant leur durabilité compte tenu de la définition floue des droits d’auteur inhérente à Facebook 4.

La subvention Savoir du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada dont bénéficie actuellement la Pre Farrell Racette vise justement à affronter cette difficulté par l’entremise d’un projet pilote à partenaires multiples. Grâce à cette subvention, le Collectif des conservateurs autochtones mettra à jour la bibliographie de son site Web et veillera à ce que chaque référence soit accessible par un hyperlien fonctionnel. La galerie Urban Shaman à Winnipeg, quant à elle, mettra sur pied un « projet d’histoire communautaire de grande envergure qui fera appel aux documents de diverses institutions et à des entrevues avec les membres de la communauté pour retracer et, dans certains cas, reconstruire l’histoire des expositions ». Sherry Farrell Racette a affirmé avoir entrepris son projet de recherche parce que l’art autochtone contemporain faisait trop souvent l’objet d’études qui ne tenaient pas compte du contexte sociopolitique dans lequel ces œuvres étaient créées. Elle a d’ailleurs décrit son projet comme un « comptoir numérique » sur l’art autochtone à Winnipeg dans les années 1970. Bien qu’elle n’ait pas encore décidé du format à adopter, la chercheuse prépare le terrain pour un espace discursif en ligne qui pourrait inclure de la documentation (photos, vidéos et textes) ainsi que des entrevues et des analyses critiques. Elle a donné l’exemple pertinent du projet Web Ruins in Process, Vancouver Art in the 1960s, modèle canadien dont il faut, selon elle, s’inspirer durant la phase de développement 5. Elle n’a pas indiqué comment les partenaires de Vancouver assurent le financement prolongé du projet, mènent les négociations à long terme sur les droits d’auteur et protègent l’accès aux documents. Il serait utile d’obtenir ces renseignements pour les futures rencontres Knowledge and Networks.

En conclusion, la Pre Farrell Racette a réitéré les inquiétudes exprimées lors des séances sur l’édition et l’éducation, à savoir l’impossibilité d’étudier matériellement et de façon rapprochée les objets mis en vedette dans le cadre d’expositions virtuelles présentées sur écran, de même que le manque de contexte entourant les objets et les images dans les collections numériques en ligne. Au cours d’un échange, les Pres Farrell Racette et Langford ont souligné les risques inhérents à la numérisation des images photographiques en l’absence de critères de sélection systématiques. Les deux intervenantes se sont dites préoccupées par la numérisation de photographies tirées d’albums ou de séries photographiques, puis affichées isolément sur le Web à la demande de chercheurs. Elles ont également fait référence à ces photographies au dos desquelles on trouve des inscriptions et qui sont mises en ligne sans que ces renseignements textuels soient mentionnés 6.

Exposition / Médias numériques / Information sur l’art

photo de Michèle Thériault Michèle Thériault a élargi la discussion en abordant le rôle des archives dans le montage d’expositions ainsi que les préoccupations concernant l’accès aux médias numériques et la transmission de ceux-ci. Lors de sa présentation sur le rôle des ressources numériques dans le travail des galeries universitaires, Michèle Thériault a d’abord posé une série de questions ouvertes sur l’état de la recherche, du travail de conservation, de l’écriture et des expositions dans ce genre de galerie, et établi des liens avec l’histoire de l’art dans les universités. En particulier, sa description de la mise sur pied de l’exposition Traffic: Conceptual Art in Canada 1965–1980 et son résumé de certains de ses projets en ligne actuels ont révélé que les activités de la galerie et le travail de l’historien de l’art se chevauchaient. Si Sherry Farrell Racette s’était penchée sur la récupération et la préservation, les thèmes présentés par Michèle Thériault ont élargi la discussion en abordant le rôle des archives dans le montage d’expositions ainsi que les préoccupations concernant l’accès aux médias numériques et la transmission de ceux-ci.

Selon Michèle Thériault, l’organisation de Traffic a permis d’explorer l’utilisation de sources archivistiques. Même si cette exposition comprenait une documentation textuelle, photographique et vidéo abondante, une grande partie de celle-ci, surtout pour ce qui est de la contribution du Québec, n’était pas disponible en format numérique et provenait plutôt d’archives d’artistes et de comptes rendus oraux. À la lumière du travail effectué par Michèle Thériault pour monter cette exposition, il est clair que malgré les débats entourant l’utilisation des ressources de médias numériques, pour des périodes aussi récentes que les années 1960, la recherche en histoire de l’art repose toujours principalement sur des méthodes traditionnelles comme la consultation d’archives papier et de journaux d’époque, l’étude de collections de musées, les visites d’ateliers et les entrevues.

En revanche, la Pre Thériault a indiqué que le site Web de la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen était très révélateur de l’impact des ressources numériques sur le projet Traffic. En effet, images, vidéos, bibliographies, énoncés de conservation et textes théoriques liés à l’exposition y figurent actuellement. Cela traduit une volonté de « laisser des traces du travail que nous accomplissons afin de créer un espace discursif et de documenter l’histoire d’une galerie universitaire ». De l’avis de Michèle Thériault, les galeries universitaires se distinguent des musées en ce sens qu’elles utilisent les médias numériques pour rendre disponible de l’information sur l’histoire de l’art aux fins de recherches, tandis que les sites des musées visent d’abord et avant tout à faire la promotion de leur programmation en cours.

D’après Michèle Thériault, l’une des principales responsabilités d’une galerie universitaire consiste à fournir un accès en ligne à de l’information sur les expositions, les programmes publics et les écrits des conservateurs. Cependant, elle a aussi décrit la pression subie par les petites galeries lorsque les organismes de financement exigent une plus grande inventivité sans tenir compte du travail supplémentaire que cela suppose pour une telle organisation. Selon ses estimations, les heures consacrées au site Web de la Galerie ont triplé au cours des dix dernières années et il a été difficile de composer avec cette augmentation sur le plan des ressources humaines. Michèle Thériault s’est également dite inquiète pour les galeries qui ne peuvent pas fournir un accès numérique à toutes leurs œuvres en raison d’un manque de ressources. L’économie numérique aurait ainsi creusé un fossé entre les institutions nanties et celles qui sont dénuées de moyens. Michèle Thériault partage aussi l’inquiétude de Sherry Farrell Racette concernant le sous-financement et la perspective à court terme des initiatives numériques découlant de projets.

La « hiérarchie de la numérisation » décrite par Michèle Thériault faisait écho à la question de Sherry Farrell Racette sur le choix de numériser les œuvres de certains artistes plutôt que d’autres ainsi qu’aux préoccupations exprimées par Anne Whitelaw sur la manière dont on prend ces décisions. Dans cette optique, la Pre Whitelaw a indiqué que si elle ressent une exaltation lorsqu’elle découvre des archives de musées non cataloguées, elle éprouve également de la crainte à l’idée que l’on pourrait passer à côté de certains renseignements concernant l’histoire d’institutions et ne pas les numériser. Elle a demandé : « Où situerions-nous le travail de groupes de bénévoles féminins dans une version numérisée des archives d’un musée? » S’appuyant sur sa propre recherche sur les archives de l’Art Gallery of Alberta (anciennement l’Edmonton Art Gallery), Anne Whitelaw s’est dite préoccupée par le fait que, dans de nombreuses institutions, la numérisation se fait toujours au cas par cas, selon les projets, sans que des protocoles soient mis en place. Elle a d’ailleurs soulevé la question suivante : « Devons-nous numériser seulement ce que nous considérons comme “important” et remettre le reste à plus tard? Et qui décide de ce qui est important? »

En plus de se demander pourquoi et comment certains objets sont numérisés ou affichés sur la Toile, Michèle Thériault a remis en question la production d’expositions en ligne. Ce thème faisait écho aux doléances de Sherry Farrell Racette sur l’aplatissement des objets dans les médias à écran au détriment de l’expérience matérielle. La Pre Thériault s’est d’ailleurs refusée à considérer les expositions virtuelles comme marquant nécessairement un progrès. Elle a indiqué que les expositions en galerie et celles présentées en ligne étaient tout simplement différentes, et qu’un média n’en remplaçait pas un autre. En l’occurrence, elle a invoqué l’exposition en ligne Collecting. Inflections on a Practice de la Galerie Leonard-et-Bina-Ellen, qui explore l’histoire des pratiques de collection en lien avec celle de la Galerie elle-même. Ce projet, qui devait initialement prendre la forme d’une exposition en galerie, se prêtait à une présentation en ligne puisqu’il n’exigeait pas un vaste espace physique. En effet, l’exposition n’était pas axée sur l’expérience de l’objet en tant que tel, mais sur le contexte de son acquisition 7.

Échange de renseignements

Dans sa présentation, Michèle Thériault a critiqué l’utopie de l’accessibilité prophétisée dans le contexte de l’économie numérique des années 1990. Selon elle, s’il est vrai que l’information est aujourd’hui plus accessible, il est de plus en plus rare que cet accès soit offert gratuitement. Elle a donné l’exemple des musées canadiens, pour qui la reproduction d’images est devenue une source de revenus plutôt qu’un service de recherche. Elle a ajouté que les musées exigent des frais pour l’utilisation d’images leur appartenant, ce qui va à l’encontre de la prétendue accessibilité dont ils se disent les défenseurs 8.

Voulant déconstruire davantage le mythe de l’accessibilité à l’information, la Pre Thériault a fait référence à e-flux. Ce centre de diffusion d’information sur l’art, qui produit également une revue, se veut contre-hégémonique. Pourtant, il mélange et met en circulation publicités et textes critiques par l’intermédiaire d’une liste de diffusion populaire. John O’Brian a vigoureusement appuyé les propos inquiétants de Michèle Thériault sur le contrôle de l’information et la position autocratique adoptée de facto par e-flux. Toutefois, ce qui préoccupe le plus la chercheuse est une lettre à l’attention des membres de la liste de diffusion les priant de soutenir le centre dans les démarches qu’il entreprend pour développer et gérer le nom de domaine principal « .art », destiné à figurer un jour à la fin de toutes les adresses de sites Web contenant de l’information sur l’art. Dans cette lettre, e-flux se décrit comme une organisation « indépendante gérée par des artistes 9 ». Michèle Thériault a donc demandé aux participants : « De qui e-flux est-il indépendant? Qui dirige cette organisation? Si le domaine “.art” est acheté, qui décidera des sites à inclure ou à exclure, et à qui appartiendra cette information? » Sur ces questions urgentes évoquant un scénario des plus inquiétants, la Pre Thériault a conclu sa présentation. Même si ces enjeux étaient propres à la conservation en galerie, ils reflétaient clairement les préoccupations – liées à l’inclusion et à l’exclusion ainsi qu’à l’accès et au contrôle – soulevées durant les autres séances.

Au cours de la discussion ouverte qui a suivi ces exposés, Bill Kirby a évoqué le développement de la Base de données sur l’art canadien du CACC. Il a par ailleurs souligné l’importance de la participation des artistes et du respect des droits d’auteur pour l’utilisation d’images. Désormais hébergée par l’Institut de recherche en art canadien Gail-et-Stephen-A.-Jarislowsky, la Base de données en ligne bénéficierait d’une plus grande stabilité et surtout de la propulsion que lui donnent les projets d’étudiants. Parmi ceux-ci, mentionnons l’Annexe du CACC, que Loren Lerner est en train de mettre sur pied avec ses étudiants à la maîtrise.

Sylvie Gilbert a décrit l’avancée récemment réalisée par Artexte : une bibliothèque qui abrite une collection impressionnante de documents sur l’art et de ressources faisant autorité dans le domaine de l’art contemporain lié au contexte canadien. D’après Sylvie Gilbert, l’installation de cette bibliothèque dans des locaux plus grands au sein d’un nouveau complexe artistique lui permettra d’établir un programme de chercheurs en résidence plus complet ainsi qu’une petite galerie pour la présentation de projets de conservation et de nouvelles œuvres en lien avec la collection. Sylvie Gilbert a par ailleurs confirmé une augmentation du nombre d’étudiants, de chercheurs indépendants et d’artistes en activité qui ont utilisé les archives textuelles d’Artexte depuis son déménagement en 2012. Cette nouvelle devrait rassurer les personnes qui, lors de la séance sur l’éducation, ont soulevé des préoccupations concernant le manque de possibilités pour les étudiants souhaitant effectuer de la recherche dans des archives traditionnelles.

  • 1 Witness: A Symposium on the Woodland School of Painters, Galerie d’art de Sudbury, 2007. Ces interventions n’étaient pas affichées sur le Web au moment du congrès, mais sont maintenant disponibles (en anglais) à l’adresse
    http://www.aboriginalcuratorialcollective.org/PDF/ACC-witness-small.pdf. consultée le 8 avril 2013.
  • 2 Il est intéressant de souligner la différence entre la « récupération » telle que l’entendent Sherry Farrell Racette et d’autres historiens—à savoir la reconstruction de récits jamais racontés—et la « récupération » dans le vocabulaire des systèmes d’information, processus d’interrogation du contenu en ligne.
  • 3 La Pr Farrell Racette a mentionné un projet de recherche en cours des artistes et éducateurs Jason E. Lewis et Stephen Foster, dans le cadre duquel ceux-ci déterminent et remettent à neuf les ressources en ligne périmées sur l’art autochtone contemporain.
  • 4 Le projet de Tannis Nielson est archivé sur Facebook, mais ne semble être accessible qu’aux « amis » de l’artiste. Un résumé du projet de Christi Belcourt est présenté (en anglais) sur le site
    http://www.christibelcourt.com/WalkingWithOurSistersABOUT.shtml. consulté le 8 avril 2013.
  • 5 Site http://vancouverartinthesixties.com/index.php
    consulté le 8 avril 2013.
  • 6 Guylaine Beaudry, directrice de la Bibliothèque R.-Howard-Webster de l’Université Concordia, était dans l’impossibilité d’assister à la présente séance. Autrement, elle aurait peut-être soulevé la question des normes de métadonnées pour la description des documents d’archives. Les archivistes de textes ont souvent recours à cette pratique afin d’éviter les pertes de contexte dans le cas d’archives papier. Ce protocole pourrait-il résoudre certains des problèmes mentionnés par les Pres Farrel Racette et Langford?
  • 7 Site http://ellengallery.concordia.ca/collectionner/en/index.php
    consulté le 8 avril 2013.
  • 8 Loren Lerner a appuyé cet argument en passant en revue les problèmes décourageants de droits d’auteur et de coût rencontrés durant la mise sur pied du projet Web Le Canada a d’incroyables trésors.
  • 9 La lettre d’e-flux peut être lue à l’adresse http://www.e-flux.com/announcements/the-art-domain/